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On s’était d’abord attendu à un discours ; mais, vraiment, aucun discours n’était nécessaire, et, après une pause de quelques secondes, l’aérien a commencé cette promenade merveilleuse à travers la ville que celle-ci, certainement, n’oubliera jamais. Quatre fois, durant la nuit, M. Felsenburgh a traversé, d’un bout à l’autre, l’énorme capitale, sans dire un seul mot ; et partout l’immense soupira précédé et suivi son apparition, partout l’extraordinaire silence a marqué l’instant de son passage. Deux heures après le lever du soleil, le vaisseau blanc s’est rapidement élancé vers le nord et a disparu ; et depuis lors, personne n’a plus revu celui que nous pouvons appeler, en toute vérité, le Sauveur du Monde.

Et maintenant, que nous reste-t-il à dire ?

Tout commentaire est inutile. Nous devons ajouter simplement que cette ère nouvelle a commencé, dès hier, à laquelle ont vainement aspiré les prophètes et les rois, et ceux qui ont souffert et ceux qui sont morts, ceux qui peinent et qui sont lourdement chargés. En même temps que les rivalités intercontinentales ont cessé d’exister, le conflit des dissensions intérieures a pris fin, lui aussi. Et quant à celui qui a été le héros de l’organisation de cette ère nouvelle, le temps seul nous montrera quelle tâche il lui est encore réservé d’accomplir.

Ce qu’il a accompli déjà, en tout cas, est d’un prix incalculable. Le péril oriental a été, par lui, à jamais dissipé. Tout le monde, à présent, aussi bien les barbares fanatiques que les nations civilisées, ont clairement conscience que le règne de la guerre est fini. « J’apporte non point la paix, mais un glaive ! » disait le Christ ; et l’on sait combien amèrement vraies se sont trouvées ces paroles. — « Je n’apporte pas un glaive, mais la paix ! » est la réponse, enfin nettement formulée, de ceux qui ont définitivement renoncé à suivre le Christ, ou qui jamais n’ont accepté de le suivre. Les principes d’amour et d’union que notre Occident a appris à comprendre et à appliquer, durant le siècle passé, ont maintenant été adoptés aussi par l’Orient. Il n’y aura plus d’appel aux armes, mais à la Justice ; les hommes ne s’adresseront plus à un Dieu