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Tel a été le contenu de ce discours de quelques minutes ; mais comment essayer de traduire l’impression que nous a fait éprouver la personnalité de l’orateur ? M. Felsenburgh, autant que l’on en peut juger par son apparence extérieure, est un homme d’environ trente ou trente-cinq ans. Il a le visage rasé, la taille très droite, les yeux et les sourcils noirs, sous des cheveux entièrement blancs. Pendant tout son discours, il s’est tenu immobile, les mains appuyées sur le rebord de l’estrade. Toutes ses paroles étaient dites lentement, distinctement, d’une voix merveilleusement claire et haute. Puis, quand il eut achevé, il est resté debout, au premier plan de l’estrade.

Il n’a pas obtenu d’autre réponse qu’un soupir, qui a jailli de tous les cœurs, comme si le monde entier venait de respirer librement pour la première fois ; après quoi s’est étendu sur nous, de nouveau, l’extraordinaire silence. Nombre d’yeux pleuraient ; des milliers de lèvres remuaient sans émettre aucun son ; et tous les visages étaient tournés vers la simple figure debout sur l’estrade, comme si l’espoir de toutes les âmes était concentré là. C’est d’une façon pareille que, sans doute, — si du moins la chose n’est pas une simple fiction, — des milliers d’yeux et d’âmes étaient tournés vers le personnage connu dans l’histoire sous le nom de Jésus de Nazareth.

M. Felsenburgh s’est tenu debout, un moment encore, puis il a traversé l’estrade et est sorti de la salle.

Des événements qui ont en lieu au dehors, un témoin oculaire nous a rapporté les quelques détails suivants : L’aérien blanc, qui sert de voiture particulière à M. Felsenburgh, et que connaissent désormais tous ceux qui étaient à Londres la nuit passée, avait stationné auprès de la petite porte sud de l’ancien chœur, reposant à environ vingt pieds au-dessus du sol. Rapidement, en quelques minutes, la foule a appris, ou deviné, quel était le voyageur qu’avait amené cet aérien ; et, lors que M. Felsenburgh a reparu, sur la porte, le même étrange soupir a retenti à travers tout l’espace du Cimetière de Paul, bientôt suivi du même silence. L’aérien étant descendu, son maître y est entré, et, de nouveau, le vaisseau s’est élevé à une hauteur de vingt pieds.