Page:Benson - Le Maître de la terre.djvu/133

Cette page n’a pas encore été corrigée

ce discours de M. Markham a été indescriptible.

Quand ce discours a pris fin, un grand silence s’est répandu dans la foule ; et puis, pour répondre à l’émotion universelle, l’organiste a frappé les premiers accords de l’Hymne maçonnique. Bientôt, non seulement tout l’intérieur de l’édifice a retenti des paroles sacrées de ce chant ; mais au dehors aussi, le peuple rassemblé s’est mis a chanter ; et notre vieille cité de Londres, pendant quelques instants, est devenue, en vérité, le Temple du Seigneur.

Et maintenant nous voici parvenu à la partie la plus difficile de notre tâche. Aussi bien devons-nous avouer, tout de suite, que toute description échouerait à rendre compte de la séance de cette nuit.

On achevait le quatrième verset de l’Hymne maçonnique, lorsqu’une figure simplement vêtue de noir a gravi les marches de l’estrade. Personne, d’abord, n’y a fait attention ; mais, tout à coup, un mouvement s’est produit parmi les délégués ; et bientôt le chant s’est interrompu, au moment où le nouveau venu, après une légère inclinaison de tête à droite et à gauche, s’est frayé un chemin jusqu’à un siège qui lui était réservé, au premier plan de l’estrade. Et, chose singulière, aucun vivat bruyant n’a remplacé la musique de l’Hymne. Un silence profond, infini, a immédiatement dominé l’énorme foule ; et ce silence, par un magnétisme étrange, s’est communiqué même en dehors de l’édifice, dès l’instant où M. Felsenburgh a prononcé ses premières paroles.

De son discours, nous ne dirons que peu de chose. Autant qu’il nous a semblé, pas un seul reporter n’a eu le courage de baisser les yeux sur son papier, pour prendre des notes. Le discours, prononcé en espéranto, était d’ailleurs très bref et très simple. Il ne consistait qu’en une annonce rapide du grand fait de la Fraternité universelle, désormais établie ; en des félicitations à tous ceux qui auraient le bonheur de pouvoir assister au déroulement futur des destinées de l’univers, après cet accomplissement définitif du grand effort des siècles ; et, par manière de péroraison, en une exhortation à la louange de cet esprit du Monde qui, maintenant, vient de réaliser son incarnation.