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l’attente unanime de la foule, M. Markhama déclaré qu’on pouvait être sûr de le voir dans quelques instants. Puis il a continué en nous décrivant, autant qu’il était possible de le faire en quelques phrases, la méthode dont s’était servi M. Felsenburgh pour accomplir ce qui restera toujours, probablement, l’acte le plus étonnant de toute l’histoire humaine.

M. Felsenburgh, d’après ce qu’il nous a appris, est, d’abord, sans aucun doute, le plus grand orateur que le monde ait jamais entendu. Toutes les langues lui sont familières : durant les huit mois derniers, tout le temps que s’est poursuivi le Congrès d’Orient, M. Felsenburgh a discouru en dix-huit langues différentes. Quant à la nature particulière de son éloquence, nous aurons, tout à l’heure, l’occasion de la définir. M. Markham nous a dit aussi que cet homme admirable possède la connaissance la plus surprenante, non seulement de la nature humaine, mais de tout ce qu’il y a, dans cette nature, de proprement divin. Sans que l’on puisse deviner où il a puisé une science aussi universelle, c’est chose certaine que, dès le début, il a paru ne rien ignorer de l’histoire, des préjugés, des craintes, des espoirs, etc., de toutes les innombrables sectes et castes orientales avec lesquelles il a eu affaire. En résumé, comme l’observe très justement M. Markham, M. Felsenburgh constitue le premier produit vraiment parfait de cette nouvelle humanité cosmopolite, dont la création a été l’objet inconscient et continu de tous les efforts du monde, à travers l’histoire. Dans neuf cités de l’Orient, — Damas, Irkoutsk, Constantinople, Calcutta, Bénarès, Nankin, et trois autres, — une foule mahométane l’a acclamé comme le dernier Messie. Enfin, en Amérique, d’où a surgi cette figure extraordinaire, personne n’a rien à dire de lui que du bien. Il ne s’est rendu coupable d’aucun de ces actes de presse jaune, de corruption, d’improbité commerciale ou politique, qui ont souillé le passé de tous les hommes d’État d’autrefois. M. Felsenburgh n’a même jamais formé un parti. C’est lui en personne, et non pas son groupe, qui a tout conquis. Et tous ceux qui ont assisté à la séance de cette nuit s’accorderont à reconnaître, avec nous, que l’effet de