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pour l’ensemble humain de croyances le plus parfait qu’il y eût eu jamais au monde.

« Une troisième cause, messieurs, m’apparaît dans la nouvelle philosophie de la connaissance, qui a commencé à prévaloir fort peu de temps après le début de notre siècle. Jusqu’à ce moment, en effet, les soi-disant sciences physiques avaient tyrannisé les esprits au point de leur faire admettre un principe absolument arbitraire, et à peine croyable : le principe suivant lequel toute évidence incapable d’être ramenée aux termes propres de ces sciences n’avait aucun droit au titre d’évidence véritable. Les hommes exigeaient que les vérités d’ordre purement spirituel fussent, selon leur expression, « prouvées », ce qui signifiait pour eux : réduites à des termes d’ordre physique. Mais peu à peu, fort heureusement, l’on s’était rendu compte de l’inanité d’une telle prétention. Tout le monde avait commencé à percevoir que chaque ordre de choses, dans la vie, avait son évidence propre, et qu’il existait parfaitement, par exemple, des preuves morales, des preuves esthétiques, des preuves philosophiques, ayant pour le moins autant de valeur que les preuves purement « scientifiques » ; et puis aussi que ces diverses preuves n’étaient pas « interchangeables ». Demander une preuve « physique » pour un article d’ordre moral, on comprenait que cela était aussi insensé que de demander, par exemple, une preuve chimique de la beauté d’une peinture, ou une preuve mathé-