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tous prêtres, d’ailleurs, à l’exception de M. Manners et de son secrétaire. Le P. Jervis avait donné au prélat un petit plan de la table, indiquant la place réservée à chacun ; il avait décrit l’apparence personnelle de chacun, et noté sur chacun deux ou trois faits saillants. Puis le reste de l’entretien avait été consacré à approvisionner l’homme qui avait perdu sa mémoire de quelques thèmes habituels de conversation : la singulière douceur de la température ; le succès de l’exposition organisée par un certain peintre à la mode ; le dernier congrès eucharistique, qui avait eu lieu à Tokio, et dont le cardinal était revenu tout récemment ; enfin le projet d’une remise à neuf de l’intérieur du palais archiépiscopal.

Les deux prêtres n’avaient pas eu le temps de s’en dire plus long. Mais le fait est que ces sujets-là, sous l’adroit pilotage du P. Jervis, s’étaient trouvés parfaitement suffisants ; et le repas s’était poursuivi de la manière la plus agréable jusqu’au moment, concerté d’avance, où monsignor avait parlé à M. Manners de son désir de connaître le plan général du vaste ouvrage de l’homme d’État sur l’Évolution historique du vingtième siècle.

Ou plutôt il y avait bien eu, çà et là, de petits accrocs. Par exemple, les mets du déjeuner, la manière de les servir, et aussi la manière de les manger avaient valu à monsignor quelques instants d’extrême embarras ; et il y avait eu une certaine circonstance où le président du déjeuner s’était vu forcé de