Page:Benson - La nouvelle aurore, 1915.djvu/285

Cette page n’a pas encore été corrigée

des bruits de poitrines oppressées ; mais pas un seul des révolutionnaires n’osait remuer ni parler.

— Écoutez-moi, en tout cas ! reprit le Souverain Pontife. Je suis venu vous offrir une dernière occasion de vous soumettre pacifiquement. Tout à l’heure, au coup de minuit, va finir la trêve armée entre vous et l’Europe. Passé ce délai, je sais que vous avez l’intention de recourir à la force ; mais, nous aussi, nous allons devoir y recourir contre vous. Certes, nous ne désirons pas un tel recours, mais il faut bien que la société se protège soi-même. Je ne vous parle pas au nom du Christ, puisque vous avez le malheur de ne pas vouloir le connaître. Je vous parle au nom de la société, que vous faites profession d’aimer. En ce nom, messieurs, soumettez-vous, et faites que je puisse rapporter au monde cette bonne nouvelle !

Il continuait à parler du même ton parfaitement aisé et tranquille dont il avait commencé. Une de ses mains reposait légèrement sur la petite table, devant lui ; l’autre caressait, d’un geste inconscient, la grande croix qui pendait sur sa poitrine, et le prêtre se souvenait d’avoir vu, naguère, exactement le même geste, lorsque son vieux maître l’avait présenté au pape dans les appartements du Vatican. De nouveau, pendant quelques minutes glaciales, personne ne fit un mouvement, ni n’ouvrit la bouche. Les membres du Comité semblaient se demander encore si ce qu’ils voyaient et entendaient était bien réel.