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de sombres forêts, des rivières d’argent. Encore cette vision elle-même était-elle en train de changer, pendant que le voyageur observait rallongement continu des ombres. Des couleurs nouvelles et étranges, évoluant autour d’une note fixe de bleu, envahissaient lentement l’horizon. Par instants, une flaque d’eau se mettait à étinceler, à trois mille pieds au-dessous du navire ; et déjà là-bas, très loin à l’extrémité de la plaine assombrie, se laissait deviner le rivage de la mer, tout doré sous l’immense dôme rose du ciel.

— Ce que vous me demandez m’embarrasse beaucoup, dit enfin le P. Jervis, un peu ennuyé d’avoir à se distraire de sa contemplation. Je veux dire que je ne me sens pas bien préparé à vous citer comme cela, à l’improviste, les arguments de la science moderne. Mais en premier lieu, voyez-vous, je vous dirai que les savants, durant les cinquante dernières années, se sont efforcés de classer, d’une manière aussi complète que possible, tout ce dont la nature était capable. Nous savons avec certitude, par exemple, que, dans telles catégories de tempéraments, le corps et l’esprit ont entre eux une plus grande sympathie que dans d’autres ; et que si, dans des tempéraments de cette nature, l’esprit est persuadé de l’avènement de telle ou telle chose, cette chose arrivera à coup sûr, simplement sous l’effet de l’action de l’esprit sur le corps.

— Par exemple ?