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navire aérien, à la tombée du soir. Ils volaient en droite ligne vers la direction du soleil couchant. Monsignor s’était maintenant presque familiarisé avec ce genre de sensations ; et cependant le spectacle qui se déroulait peu à peu autour de lui, depuis une demi-heure, Pavait tenu jusque-là comme fasciné. Son compagnon et lui avaient quitté Rome après trois ou quatre jours passés encore à visiter les églises ; et ils s’étaient également arrêtés plus d’une fois dans leur voyage à travers l’Italie. Puis, peu de temps après avoir franchi la frontière, ils avaient quitté les aériens lents, destinés aux excursions d’une ville à l’autre, pour s’embarquer de nouveau dans un de ces navires rapides qui leur avaient servi déjà, à deux reprises, de Londres à Paris et de Paris à Rome.

Ils devaient arriver à Lourdes dès ce même soir ; et c’était surtout depuis leur première vue des Pyrénées que monsignor s’était trouvé plongé dans un véritable rêve d’éblouissante beauté. À sa gauche se dressaient les montagnes, qui, de la hauteur d’où il les voyait, semblaient former une seule masse énorme, aux contours nettement découpés, mais toute traversée de raies, de taches, de cercles de lumière dorée alternant avec d’insondables abîmes d’ombres dont les couleurs allaient du rouge vif au bleu paie. Puis, au pied de cette espèce de bûcher gigantesque, courait quelque chose qui lui faisait l’effet d’un léger tapis verdoyant, parsemé çà et là de broderies figurant des villes blanches.