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STANCES, SONNETS, ÉPIGRAMMES.


Pour les Filles de la Reine.

STANCES.


Belles, dont les regards vont dépeupler l’État,
Aprés l’avoir mis dans les chaînes,
Qui servez nôtre Reine avecque tant d’éclat,
Et que l’on sert toutes en Reines ;

Je suis bien glorieux que vous comptiez mes pas,
Pour mieux prendre garde à mes chûtes,
Et qu’entre vous, mon cœur augmente vos débats,
Et fasse une de vos disputes.

L’une, assure que j’ai de l’inclination,
Et l’autre de l’indifférence ;
Ainsi l’une me plaît de sa présomption,
Et l’autre de sa deffiance.

Je suis prêt pour vous plaire, à confirmer ces bruits ;
Oüy, j’ai des passions secrètes ;
Vous ne m’ôteriez pas de la peine où je suis,
Comme moi de celle où vous êtes.