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STANCES, SONNETS, ÉPIGRAMMES.


Ils pestent d’étrange façon ;
Et disent, voyant ce cortège :
Foin de l’ambassadeur de neige,
Il nous a bien attrapez là.
Que pourroit-on faire à cela ?
Pauvreté, dit-on, n’est pas vice ;
Dieu sçait, si c’est par avarice
Que je marche à si peu de frais,
Et fais de si légers apprêts :
Comme je vois qu’on ne me prête,
Pour mes bardes, nulle charette,
Est-ce pas bien fait d’en charger
Un des chevaux du messager,
Qui gémit sous ce poids extrême,
Et m’a pensé porter moi-même,
N’étoit qu’il est rude au galop,
Et que j’ai crû que c’étoit trop
D’être ambassadeur grave et sage
Tout-ensemble, et coq de bagage.
Pourtant, si vous voulez qu’enfin
Je porte jusqu’à my chemin
Ce que vous n’envoyez qu’à peine
Au gros mary de vôtre reine,
J’en viendrai bravement à bout :