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STANCES, SONNETS, ÉPIGRAMMES.


Mais tant de soûpirs qu’elle pousse.
Par une voix plaintive et douce,
Ne découvrent point ses désirs ;
Son Thyrsis n’y peut rien comprendre,
Et ne pousse point de soupirs,
Puisqu’il ne les sçait point entendre.

Jeune et capricieux enfant,
Que tu te vas donner de blâme !
Pour avoir pu vaincre une femme,
Crois-tu te voir plus triomphant ?
Non, non ; mais par cette injustice
Tu montres bien que ta malice
Est jointe avec peu de pouvoir :
Si la force suivoit tes armes,
Thyrsis pourroit s’en émouvoir,
Ou du moins connoître tes charmes.

Et toy, dont j’ay dépeint l’ardeur,
Aimable et divine Amarante,
Si ton âme n’en est contente,
Il faut en blâmer ma froideur ;
Si ce qui te rend insensée
Pouvoit échauffer ma pensée,