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XXIII
PRÉFACE

L’échec de ses rondeaux fut néanmoins sensible à Benserade, jusqu’alors habitué aux succès, car il ne composa plus que deux cents fables d’Ésope réduites en quatrains, dont trente-neuf ont été gravées au labyrinthe de Versailles.

Après cet ouvrage, non-seulement il ne donna plus rien au public, mais encore il se retira du monde et ne parut plus à la cour.

Il vécut dans sa petite maison de Gentilly, se livrant aux douceurs du jardinage, et gravant sur les arbres de son jardin des inscriptions poétiques, n’oubliant pas d’y faire représenter ses armes surmontées d’une couronne de comte[1]. À soixante-quinze ans, Benserade écrivait encore :


Adieu, fortune, honneurs, adieu, vous et les vôtres ;
Je viens ici vous oublier.
Adieu toi-même, amour, bien plus que tous les autres
Difficile à congédier.


Isaac de Benserade mourut dans sa maison de Gentilly, âgé de 78 ans, regretté, dit l’abbé Tallemant, de toute la cour et de tous les honnêtes gens.

Nous avons raconté sommairement la vie du poëte

  1. Il paraît qu’un grand personnage, voyant les armes surmontées de la couronne de comte que Benserade avait mises sur la porte de sa maison, les ratifia, pour ainsi dire, en s’écriant : « C’est aux Poëtes à en faire. »