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XX
PRÉFACE

M. Corneille le jeune[1], il lut à l’Académie une pièce qui fut extrêmement applaudie : c’est le portrait en raccourci des quarante académiciens par rapport à leurs personnes, à leurs talents, à leurs aventures et à leur fortune. Il parle avec liberté de chacun d’eux, mais avec ce tour fin et inimitable dont il s’est servi si souvent.

Furetière, dans ses factums, s’élève très-souvent contre Benserade qu’il désigne quelquefois sous le nom d’Alvarade. Ce fut un de ceux avec La Fontaine qu’il prit le plus à parti, mais Benserade eut beaucoup de défenseurs, et nous trouvons dans une lettre du comte de Bussy-Rabutin à Furetière, en date du 4 mai 1686, cette vigoureuse défense du poëte :

« M. de Benserade est un homme de naissance dont les chansonnettes, les madrigaux, les vers de ballet, d’un ton fin et délicat, et seulement entendu par les honnêtes gens de la cour, ont diverti le plus honnête homme et le plus grand roy du monde.

« Ne dites donc pas, s’il vous plaist, que monsieur de Benserade s’étoit acquis quelque réputation pendant le règne du mauvais goût, car, outre la fausseté de cette proposition, elle seroit encore criminelle.

« Pour les proverbes et les équivoques que vous lui reprochez, il n’en a jamais dit que pour s’en moquer ;

  1. Nouvelles de la République des Lettres, mois de janvier 1685, page 37.