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XVI
PRÉFACE

« Avant lui, dit Perraut[1], dans l’entrée de Jupiter foudroyant les cyclopes, les stances ne parlaient de Jupiter que comme Jupiter et en Jupiter, et pas du tout de la personne qui le représentait. M. de Benserade tourne les vers de façon qu’ils s’entendent de l’un et de l’autre…, le coup porte sur le personnage et le contrecoup sur la personne, ce qui donne un double plaisir en donnant à entendre deux choses qui, belles séparément deviennent encore plus belles étant jointes ensemble. »

Malheureusement l’on ne saurait apprécier aujourd’hui toutes les allusions vives et piquantes répandues dans ces ballets. L’auteur y peignait les inclinations, les attachements, et jusqu’aux aventures les plus secrètes des personnes de la cour. Toutes ces stances, si fort applaudies jadis, ne nous offrent plus qu’un intérêt littéraire médiocre, et c’est tout au plus si quelques chercheurs pourraient reconstruire, d’après ces données poétiques, les caractères et l’individualité de certains personnages marquants.

Benserade, à cette époque, était la coqueluche des précieuses, et La Bruyère semble l’avoir pris pour modèle dans le portrait de Théobalde[2], l’engouement des Philamintes et des Bélises, qui, sur sa moindre

  1. Perraut, Parallèle des anciens et des modernes. (Édit. de Hollande, tome II, page 210.)
  2. La Bruyère, De la Société et de la Conversation.