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XV
PRÉFACE

grande amitié. Dans ces réunions, où les rigueurs de l’étiquette étaient adoucies, Benserade démontrait son incontestable supériorité à faire les bouts-rimés, le grand délassement à la mode, pour lequel le Roi professait une estime toute particulière.

La fortune du poëte marchait donc rapidement. La célèbre Christine de Suède, qui avait lu ses ouvrages, en parlait avec admiration dans une lettre à la reine mère, et il fut bel et bien question d’envoyer Benserade comme ambassadeur à Stockholm[1] ; mais, étant survenu quelques affaires pressantes, malgré les préparatifs de départ qui se trouvaient faits[2], l’ambassade échoua, et Scarron put dater une de ses épistres[3] :


L’an que le sieur de Benserade
N’alla pas à son ambassade.


Le pauvre ambassadeur resta donc à Paris. Il commença à donner ces fameux ballets qui, par leur originalité, eurent tant de succès, et lui procurèrent auprès du Roi toutes les aimables faveurs que Molière devait récolter plus tard. Il avait une adresse toute particulière dans ces vers, et ce fut une innovation à la cour.

  1. Costar écrit toute une lettre à ce sujet à madame la marquise de Livardin. (Costar, lettre 165 du Ier vol., p. 480.)
  2. L’Ambassadeur de Suède à la Reine de Natolie, salut. Page 56 de ce volume.
  3. Scarron, Epistre burlesque à Madame la comtesse des Feique.