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LE CY GIST.


Épitaphe de l’Auteur.

Cy gist qui fit ces vers touchant une Morale
Aussi triste que générale,
Et qui les fit pour essayer
De radoucir, ou d’égayer,
En quelque sorte, une matière
D’Épitaphe ou de Cimetière :
Qui n’est pas défunt, mais qui dort,
Apprenant à mourir auparavant qu’il meure,
Et qui s’est enterré luy-même de bonne heure,
Pour voir ce qu’on diroit de luy, s’il estoit mort.
S’imagine-t-il qu’on le pleure,
Ou qu’on s’en soucie ? il a tort.

Que tous ceux qui peu s’en affligent
Ne lui disent mot, le négligent ;
Tel est-il pour eux aujourd’huy,
Il garde le même silence,
Et leur rend toute l’indolence
Qu’ils affectent d’avoir pour luy.
Autour de sa personne est la foule éclaircie