Page:Benserade - Poésies, éd. Uzanne, 1875.djvu/239

Cette page a été validée par deux contributeurs.
203
LE CY GIST.


À peine étoit-il trépassé,
Qu’un autre vint dont il fut surpassé.

Prouvons encore mieux la misère où nous sommes,
En remontant [soudain] jusques aux plus grands Hommes.

Épitaphe des plus grands Héros.

Cy gist un Conquérant qui mit le feu par tout,
Et qui fut annoncé même par des Comettes ;
Que sçait-on, si là-bas, tête nue et debout,
Il n’est point au-dessous d’un Crieur d’alumettes ?
Cy gist Pompée, Alexandre, César.
Ils eurent beau triompher sur un char,
Ce fier cy gist les en fit bien descendre ;
Et quelque noble enfin que soit leur cendre,
Mal-aisément ils la démêleront ;
Il en viendra qui les égaleront,
S’il n’en est pas qui déjà les effacent ;
Mais, après tout, quoy que les Héros fassent,
Qu’en reste-t-il ? qu’un son léger et vain
Dont, tost ou tard, cy gist est le refrain ?