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LE CY GIST.


Épitaphe d’un Médecin.

Cy gist, par qui gisent les autres,
Un Médecin des plus sçavans
En l’Art si funeste aux Vivans ;
Disons pour luy des Patenôtres :
S’il en a de tant d’Héritiers
Qu’il fit, ou seulement du tiers,
Il n’aura que faire des nôtres ;
Tels gens en disent volontiers.
À tout âge, à tout sexe, il déclara la guerre,
À force de saignée et d’infecte boisson.
Quelle foule de Morts il a trouvé sous terre,
N’y dût-il rencontrer que ceux de sa façon ?
La santé fuyoit comme un Lièvre,
Et devant luy doubloit le pas ;
Ce n’étoit que par le trépas
Qu’il venoit à bout de la Fièvre.
Plus ennemi du Quinquina
Que d’Auguste ne fut Cinna.
Vray Basilic, qui tuoit d’une œillade,
Des plus beaux jours il trancha le filet ;
Et n’auroit pas épargné son Mulet,