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STANCES, SONNETS, ÉPIGRAMMES.


Non, non, vôtre amitié, de quoi qu’elle se vante,
Ne sçauroit la toucher ;
Et celle qui pour nous est sensible et vivante,
Pour vous est un rocher.

Vôtre flâme est brillante, elle tonne, elle éclaire,
Mais elle est sans vigueur ;
Elle peut éveiller et jamais satisfaire
L’amoureuse langueur.

Vos baisers sont pareils à ces baisers timides
Qu’une mère a d’un fils ;
Au prix de nos baisers pressez, ardens, humides,
En sucre tout confits.

Le duvet d’un Amant, pique la bouche et l’âme ;
C’est un doux aiguillon
Qui d’un sang amoureux dans le cœur d’une Dame
Excite le boüillon.

Quand l’Astre du matin sollicite la Rose
D’un baiser amoureux,
D’aise elle épanouît sa feuille à demi close
À ses rais vigoureux.