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STANCES, SONNETS, ÉPIGRAMMES.


L’autre d’un fier regard paroît inexorable,
Et d’un pas mesuré marche superbement ;
Mais elle pourra bien devenir plus traitable
Dans les bras d’un Amant.

Parce que celle-là, si l’on n’est une souche,
Avec sa douce voix nous sçait si bien charmer,
Je voudrois dérober des baisers à sa bouche
Sans la faire fermer.

Cette autre icy fait plaindre en cent façons nouvelles
Les cordes que ses doigts sçavent si bien toucher ;
Pour n’aimer pas des mains si doctes et si belles
Il faut être un rocher.

Celle-cy me ravit par un geste agréable,
Qui fait suivre à ses bras la mesure des sons,
Et fait tourner le corps d’un art émerveillable
En cent doctes façons.

Toy, qui peux égaler par ta haute stature
Ces femmes de Héros que l’Antiquité vit,
Tu peux par ces faveurs que t’a fait la Nature
Occuper tout un lit.