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STANCES, SONNETS, ÉPIGRAMMES.


Si j’en vois par hazard quelqu’une dédaigneuse,
D’une antique Sabine imitant le parler,
Je croy qu’elle le veut, mais qu’une âme orgueilleuse
La fait dissimuler.

Une docte me plaît, j’y trouve mille charmes,
J’adore incontinent ses rares qualitez :
Une innocente encor me fait rendre les armes
Par ses simplicitez.

S’il est quelque beauté si fort passionnée,
Que de n’estimer rien que les vers que je fais,
Aussi-tost sous ses loix mon âme est enchaînée,
Et j’aime à qui je plais.

S’il s’en rencontre aussi dont l’humeur plus sévère,
Blâme des vers qu’une autre aura trouvez charmans,
Je voudrois me venger d’un si doux adversaire
Par mille embrassemens.

L’une en se promenant chemine avec molesse,
Et d’un pied négligent elle forme ses pas ;
Son mouvement me plaît, et sa feinte paresse
A pour moy des appas.