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STANCES, SONNETS, ÉPIGRAMMES.


Pour éblouïr les jeunes foux
Et passer prés d’eux pour un Ange,
Elle a dépeuplé de bijoux
Les boutiques du Pont au Change.

La folle a si bien ménagé
Les doux appas de sa prunelle,
Que mon lit se voit assiégé
De plus de braves qu’Orbitelle.

Dans l’entretien de ces Vaillans,
Dont elle veut être adorée,
Son caquet prend tous les brillans
De l’éloquence figurée.

Ses paroles sont toutes d’or,
Rien n’échappe à sa Rhétorique,
Et Paris n’a point de Médor
Dont elle ne soit l’Angélique.

Elle me rend si malheureux,
Que mon chagrin n’a plus de bornes ;
Je croy qu’un peuple d’amoureux
Travaille à me planter des cornes.