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STANCES, SONNETS, ÉPIGRAMMES.


Bel œil jadis si plein d’appas,
Qui dors en la nuit du trépas
Sur les bords du rivage sombre,
Ne trouble pas ton doux sommeil,
Si l’amour veut qu’au lieu d’une ombre
Désormais j’adore un soleil.

Je crus que perdant ton flambeau,
Mon cœur amoureux du tombeau
N’auroit des feux que de ta cendre ;
Et que cette noire maison
Où la Parque t’a fait descendre
Seroit mon unique prison.

Mais un seul rayon de ces yeux
Qui troublent la gloire des Dieux,
M’ôta le titre d’invincible ;
J’accrus ma honte en résistant,
Et pour n’être pas insensible
Il me falloit être inconstant.

Un trait de feu, m’ouvrant le sein,
Changea mon fidèle dessein,
Ma raison se trouva ravie ;