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STANCES, SONNETS, ÉPIGRAMMES.


Et si vous ne reposez pas
Toutes les nuits seule avec elle,
Comme sa compagne fidelle,
Car j’aurois beaucoup de dépit
Si vous étiez trois dans un lit.
Dessus ce point, ma fantaisie
Penche fort à la frénésie ;
Cela me trouble, et c’est pourquoy,
Levez la patte, et jurez-moy,
En noble et fidelle Épagneule,
Que vous y couchez toute seule.
Que dis-je ? elle a le cœur trop bon,
Et je luy demande pardon ;
Il est de fort mauvaise grâce
Ce soupçon, et fait que je passe
Pour le plus fou de tous les foux :
Mais, mignonne, je suis jaloux ;
Ce mal trouble bien des cervelles,
Et vous m’en direz des nouvelles
Lorsque vous serez en chaleur,
Si vous tombez en ce malheur.
Cependant faites bien la ronde :
Aboyez bien à tout le monde,
Et me tirez à belles dents