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STANCES, SONNETS, ÉPIGRAMMES.


Aussi ne faut-il pas que je le dissimule :
Elle paroît armée avecque tant d’éclat
Que mon amour, qui tâche à la vaincre au combat,
Et la défie, et s’en recule.

J’abattrai toutefois sa fierté qui m’étonne ;
Elle s’efforce en vain de me contrarier,
Puisqu’il ne manque plus que ce petit laurier
Pour m’acquérir une couronne.

J’espère en peu de tems rendre ma gloire extrême ;
De ma prospérité rien n’empêche le cours,
Et contre sa vertu c’est un puissant secours
Que de m’avoir dit : Je vous aime.

Honoré que je suis d’une faveur si grande,
Et voyant quelque chose encore à désirer,
Auprès de sa beauté, que je ne puis quitter,
Je remercie et je demande.

Sévère et doux auteur des peines que j’endure,
Amour, donne à ma flâme un remède parfait ;
Puisque ne m’obliger que d’un demi bienfait,
C’est me faire une double injure.