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STANCES, SONNETS, ÉPIGRAMMES.


Celuy qui vous épouse, en témoignant sa flâme,
N’établit pas mal son renom :
Qui s’est bien pû résoudre à vous prendre pour femme
Ira bien aux coups de canon.

Comme vous n’êtes plus qu’une vieille relique,
L’objet de la compassion,
Dés qu’on dit que sur vous un Sacrement s’applique,
On pense à l’Extrême-Onction.

Qui se lie avec vous espère un prompt veuvage ;
Et sans doute ce pauvre Amant
Prétend que le contrat de vôtre mariage
Passe pour vôtre Testament.

Vous seriez bien sa mère, et la foy conjugale
Est mal placée entre vous deux ;
L’inceste est en effet une chose si sale,
Que le portrait en est hideux.

Les plus intemperez de vôtre bonne grâce
Ne bailleroient pas un teston,
Et l’on peut faire état qu’on est à la besace
Quand on vous touche le teton.