Page:Benserade - Poésies, éd. Uzanne, 1875.djvu/103

Cette page a été validée par deux contributeurs.
67
STANCES, SONNETS, ÉPIGRAMMES.


Il faut tout espérer de sa bonté suprême,
Sinon vivre en repos loin de cette bonté,
Et vous bâtir un port dessus le rocher même
Où vous avez heurté.

De là quand vous verrez, après vôtre naufrage,
Toucher à cent écueils, cent vaisseaux égarez,
Vous en aimerez mieux, à cause de l’orage,
L’endroit où vous serez.

Ce grand éclat n’est pas ce que le peuple pense ;
La cour a des dégoûts, et traîne un repentir ;
Jusques là, que beaucoup ont quitté la puissance
Qui vous en fait sortir.

Ainsi vous passerez des jours très-agréables
Dans un calme profond, et si délicieux,
Que même vôtre exil parmy les raisonnables,
Fera des envieux.

Comme il faut bien user de l’âge qui s’écoule,
Et ménager le tems qui ne peut revenir,
Dieu de sa propre main vous tire de la foule
Pour vous entretenir.