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STANCES, SONNETS, ÉPIGRAMMES.


C’étoit vôtre plus chère et plus noble avanture
De remplir les besoins, et combler les souhaits ;
Si ce malheur est noble, il est d’une nature
À ne finir jamais.

Au lieu que vous n’avez, au séjour où vous êtes,
Ni troubles dans l’esprit, ni fatigues au corps ;
Vos méditations y sont libres et nettes
De crainte et de remords.

On vous a renvoyée à vôtre solitude,
Comme on fit dans le tems du dernier de nos rois ;
Et ce coup de malheur vous semble aussi peu rude
Que la première fois.

Sans doute la Fortune, à tout autre invincible,
Ayant différemment vôtre esprit éprouvé,
A cherché quelque endroit où vous fussiez sensible,
Et n’en a point trouvé.

Sa rigueur n’a rien pû, non plus que son amorce ;
Quelque bien, quelque mal, qu’elle ait pû vous offrir,
Toûjours également, et de la même force,
Vous l’avez pû souffrir.