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EPISTRE.

ploye deſja ſes ailles pour voller de voſtre coſté. Et en effet, SIRE, quelques grandes, & quelques eſtonnantes qu’ayent eſté vos actions depuis que vous tenez ce magnifique Sceptre que le droit du ſang vous a mis en main, & que vos Royales vertus vous confirment tous les jours, V. M. ſembleroit n’avoir pas tout à fait travaillé pour ſon honneur, ſi elle n’avoit eu une plus ample matiere pour occuper ſa grandeur & ſa force : tantoſt elle s’emploioit à vaincre des Rebelles, tantoſt à ſoûtenir la foibleſſe de ſes Alliez contre la violence des Uſurpateurs, & tantoſt à réprimer l’inſolence & la perfidie d’un Voisin, & d’un Vaſſal ; Il eſtoit temps qu’elle fit parêtre que toutes ſes armes lui ſont égalemet avantageuſes, & qu’elle s’aide außi glorieuſement du bouclier que de l’epée : Et ç’a eſté en cette derniere guerre qu’elle en a donné, & en donne encore des preuves qui mettent ſa gloire au plus haut poinct qu’elle puiſſe eſtre, & qui font rougir l’Eſpagne de la honte, & de la vanité de ſes entrepriſes. Si les autres Monarques ont de l’aſſurance, & de la tranquilité dans leurs Etats, ils la tiennent moins d’eux meſmes que de leurs ſujets qui travaillent ſans ceſſe pour le ſalut & pour l’affermiſſement de leurs couronnes, mais au contraire le repos la ſeureté que nous avons ne