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TRAGEDIE.
Polixene.
Vous dont le bras nourrit l’ennuy qui me devore,
M’affligez-vous deſja ? La treſve dure encore,
Quand vous vous repoſez, laiſſez-moy reſpirer,
Attendez le combat pour me faire pleurer,
« Ce n’eſt pas deſirer un plaiſir agreable
Que de chercher à rire avec un miſerable. »
Achille.
Doutez-vous que mon mal ne ſoit pas violent ?
Pour voir mon cœur bruslé, vous l’allez voir ſanglant,
Ce fer.
Polixene.
Il me veut quelque bien, j’en fais außi de meſme.
Achille.
Vous m’aymez ?
Polixene.
Comme je puis aymer l’homicide d’Hector.
Achille.
Ha mal-heur de mes jours ! Mais finiſſez ma peine.
Polixene.
Mais vous eſtes Achille, & je ſuis Polixene,