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LA MORT D’ACHILLE.

Pâris.

Il faut rompre les loix de la civilité,
Et que je vous embraſſe en cette qualité.

Achille.

Ouy, Pâris, en faveur des beaux yeux de ma Reyne
Ce bras qui pourſuivoit deffendra ton Helene,
Je reſſens les tranſports dont tu fus poſſedé,
« Et ſçay qu’un beau threſor doit bien eſtre gardé. »
Mais, Sire, permettez qu’en ce lieu je m’acquitte
Des devoirs d’un amant devant que je vous quitte,
Souffrez qu’auparavant que d’aller au conſeil,
J’offre un premier hommage à ce jeune Soleil.

Priam.

À recevoir vos vœux ma fille eſt preparée,
Mais que vos entretiens ſoient de peu de durée,
Vous n’eſtes pas encore au point de vous unir,
Et la treſve accordée eſt preſte de finir.
Heſtez-vous, & penſez que toute voſtre joye
Ne depend ſeulement que du repos de Troye,
Et qu’il faut pour ſon bien qu’Achille deſormais
Change une courte treſve en une longue paix.

Tous rentrent.