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LA MORT D’ACHILLE.

Que mon fils ſoit du moins arrouſé de mes pleurs.

Achille.

Son aſpect ne feroit qu’augmenter vos douleurs.

Priam.

Quoy vous ne voulez pas meſme que je le voye ?
Ô Prince miſérable ! ô Troie, autrefois Troye !

À Hecube.

Eſprouve ſi ſon cœur s’amolira pour toy,
Peut-eſtre la pitié n’eſt morte que pour moy.

Hecube.

Que les pleurs d’une mere attendriſſent voſtre ame,
Donnez à la nature un bien qu’elle reclame ;
Celuy de qui le bras vous reſiſtoit jadis
N’eſt plus voſtre ennemy, mais c’eſt touſjours mon fils :
Eſtre vindicatif meſme apres la victoire,
C’eſt voſtre deſhonneur plutoſt que voſtre gloire.

Achille tout bas.

Rien ſur ma volonté ne peut eſtre abſolu :
Ils ne l’auront jamais, j’y ſuis trop reſolu.

Hecube.

Dequoy murmurez-vous ?