Page:Benserade - Cléopâtre, 1636.djvu/95

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
La Cleopatre

Agrippe.

Avoir pû reſister à de ſi forts apas ?
Ce combat eſt plus grand que vos autres combas ?
Avoir paré les traits d’une Reine ſi belle ?
1550Vaincre Antoine eſtoit moins que ſe deffendre d’elle,
Se détourner d’un feu ſi ſubtil, & ſi prompt,
Ceſt le plus beau laurier qui ceigne voſtre front.

Cesar.

Mon cœur dans ces attraits où le plus fort s’engage
Eſt un rocher batu des vents, & de l’orage :
1555Des ſoûpirs affectez, mille amoureux helas,
Que pour ne point aimer je ne comprenois pas,
Tout ce qu’à d’artifice une femme captive
Vouloit me dérober le bien dont je la prive,
Elle devenoit pâlle, & changeoit de couleur,
1560Pleuroit par bienſeance autant que par douleur,
Vſoit de ces regars qui ſurprennent les ames,
Et de ſes yeux moüillez faiſoit ſortir des flames,
Pour me le faire voir vouloit meurtrir ſon ſein,
Et parmy tout cela j’ignorois ſon deſſein,
1565Elle ne s’efforçoit en ſe faiſant plus belle,
Qu’à me rendre vaincu, moy qu’à triompher d’elle.

Agrippe.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion