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De Bensseradde.

Et nous monstrant ſon corps d’un grand coup traversé,
Veut que nous achevions ce qu’il a commencé.
1185Mais nous l’avertiſſons que la Reine eſt vivante,
À ce mot ſa douleur ſe rend moins violente,
Il flatte ſa bleſsure, & ſe veut ſecourir,
Sçachant qu’elle reſpire, il ne veut plus mourir.
Enfin nous le portons au ſepulchre où la Reine
1190S’efforçoit d’abréger & ſa vie, & ſa peine.

Cesar.

Vous laiſſa t’elle entrer ?

Dircet.

Vous laiſſa t’elle entrer ? Non, du haut du tombeau
Ses filles d’une corde attiroient ce fardeau,
La Reine meſme aidoit en ce vil exercice,
Ses delicates mains y faiſoient leur office,
1195Ses efforts étoient grands, on n’eût pas tiré mieux,
Et ſon front paroiſſoit mouillé comme ſes yeux.
Antoine ſuſpendant la douleur qui le bleſse
Pour y contribuer avecque ſa foibleſse
Tendoit ſes bras mourans, les roidoiſſoit expres,
1200Se ſoulevoit un peu, mais retomboit apres.

Cesar.

Son cœur aymoit encore ?