Conſolez-vous, madame.
En l’état où je ſuis ?
ſt commune,
„ Tout ce que voit le ciel ſubit cette fortune,
„ Le trépas eſt un but où l’on nous void courir,
„ Mourant l’on a veſcu, vivant on doit mourir :
„ Cette loy qui nous rend mortels comme nous ſommes
„ Fut faite pour Antoine, & pour les autres hommes,
Pourquoi vous fâchez-vous qu’il ſe donne aujourduy
Ce qu’un lâche attendroit d’un autre que de luy,
Il donne à voſt re amour le nom d’ingratitude,
Sa mort luy ſemble douce, elle vous ſemble rude,
Et fâché des regrets dont vous l’accompagnez,
Quoy que mort il vous plaint comme vous le plaignez :
Il faut voir ſon dest in avec un œil d’envie,
Il eût perdu l’honneur, il ne perd que la vie,
Rome qui ne le vid aux triomphes divers
Que chargé de lauriers, l’eût vu chargé de fers,
Confus, l’œil bas, le front ſur qui la rougeur monte,
Suivre un vainqueur ſuperbe honoré par ſa honte,
Lors vous eußiez loüé ſa generoſité,