Page:Benserade - Cléopâtre, 1636.djvu/50

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
De Bensseradde.

Octroyez un pardon au crime que je fais.

Antoine.

Frape, je te pardonne une ſi belle offence.

Eros.

Vous me pardonnez donc ma deſobeyſsance,
Ou ma main, ſi j’ay dû vous donner le trépas,
760Me l’offrant me punit de ne vous l’offrir pas.


Scène II.

Antoine ſeul.


Que fais-tu ? Mais déjà de ce noble courage
Dans les flots de ſon ſang la vie a fait naufrage.
Eros, tu fais ton mal de ce qui fait mon bien,
Et tu rends à ton corps ce que je dois au mien,
765J’approuve toutefois que tu ceſſes de vivre,
Antoine apprend de toy le chemin qu’il doit ſuivre,
Outre qu’un tel exces de generoſité
Sert d’un illuſtre exemple à la poſterité.

Il ramaſſe l’épée.
Mourons, que dans mon ſang ma propre main ſe lave,

770Et ne rougiſſons point d’imiter un eſclave.
Rome, qui pour ta gloire as veu briller ce fer,