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Sonnet
Pour Monſeigneur l’Eminentiſsime Cardinal
Duc de Richelieu.
Cleopatre parle.


Je
reviens des enfers d’une démarche grave,
Non pour ſuivre les pas d’un Ceſar, mais d’un Dieu,
Ce que je refuſois de faire pour Octave,
Ma generoſité le fait pour Richelieu.

 :Qu’il triomphe de moy, qu’il me traitte en eſclave,
Rien ne peut m’empeſcher de le ſuivre en tout lieu,
Et le char d’un vainqueur ſi puiſſant, & ſi brave
Merite qu’une Reine en ſoutienne l’eſsieu.

 :Ha ! grand Duc, ſi le maiſtre, & d’Antoine, & de moy,
Eut eu les qualitez que l’on remarque en toy,
Et ces rares vertus dont l’éclat te renomme,

 :J’aurois plutoſt choiſi les fers que le tombeau,
Ouy j’aurois voulu vivre, & la ſuperbe Romme
Auroit veu Cleopatre autrement qu’en tableau.


à Monsieur de Bensseradde
ſur ſa Cleopatre.
Epigramme.


CLeopatre autrefois à l’amour aſſervie
Par le coup d’un aſpic voulut finir ſon ſort,
Et ta ſçavante main luy donne une autre vie
Qui la va garentir d’une ſeconde mort.

F. Rollet.