„ À ſuivre nostre bien nature nous oblige,
Croira-t-il qu’en vous ſeule elle ait fait un prodige ?
Ce mal tiendra toujours ſon eſprit ocupé,
Et toujours il croira que vous l’aurez trompé :
Donc puis qu’injuſtement il croit voſtre eſprit trâitre,
Puis qu’il vous croit perfide, à cauſe qu’il faut l’eſtre,
Et qu’il eſt naturel de trahir en ce point,
Trahiſsez le, Madame, & ne le trompez point.
Je n’attendois de vous qu’une amitié fidelle
Qui me fit ſupporter ma fortune cruelle,
Mais je voy que mon mal n’en devient pas plus doux,
Et que mes ennemis m’ayment autant que vous,
Je tire également le ſujet de mes larmes
De vous par vos conſeils, de Céſar par ſes armes :
Je quitterois Antoine, & ce perfide cœur
Trahiroit le mérite à cauſe du malheur ?
Mon amour périroit comme une amour commune
Au naufrage fatal de ſa bonne fortune ?
Et la postérité diroit à nos neveux,
Antoine fut aymé tandis qu’il fut heureux ?
Ha que plutost les dieux avec le foudre meſme
Arrachent de mon front le royal diadême,