Que Ceſar eſt trompé, qu’il perd dans ſa vict oire,
Que ſa froideur ſeure eſt fatale à ſa gloire,
Voyez qu’en refuſant l’honneur de mes liens
Il me dégage außi de la honte des ſi ens,
Ses projets, & les miens ſont réduits en fumée,
Il ne triomphe pas, je n’en ſuis point aymée.
Mais déja les enfers s’ouvrent deſſ ous mes pas,
Je voy l’ombre d’Antoine, elle me tend les bras,
La mort me rend l’objet de mon amour extrême,
Et ne voyant plus rien je voy tout ce que j’aime,
Qu’avec peu de regret je vay quitter ce lieu,
Mes filles, je vous dis un éternel adieu.
Je ſens bien que la mort acheve mon martyre,
Portez moy ſur mon lit qu’à mon aiſe j’expire.
Je vous ſuis au chemin que vous allez tenir ?
J’ay bien peur que mon rang ne ſoit long à venir.