Page:Benoit L Atlantide.djvu/60

Cette page a été validée par deux contributeurs.

cette Tadmekka que je me dirige. C’est cette Tadmekka qu’il faut reconnaître dans les ruines d’Es-Souk. C’est par Es-Souk que passait la route commerciale qui, au ixe siècle, reliait le Djerid tunisien au coude que le Niger fait à Bourroum. C’est pour étudier la possibilité de remettre en valeur cet antique parcours que les ministères m’ont chargé de la mission qui me vaut l’agrément d’être votre compagnon.

— Vous aurez sans doute des désillusions, — murmurai-je. — Tout me dit que le commerce qui emprunte aujourd’hui cette voie est insignifiant.

— Nous verrons bien, — fit-il avec placidité.


Ceci, tandis que nous longions les bords unicolores d’une sebkha. La large étendue saline luisait, bleu pâle, sous le soleil levant. Les enjambées de nos cinq meharâ y projetaient leurs ombres mouvantes, d’un bleu plus foncé. Par moment, seul habitant de ces solitudes, un oiseau, espèce de héron indéterminé, s’enlevait et planait dans l’air, comme suspendu à un fil, pour se reposer sitôt que nous étions passés.

J’allais devant, attentif à l’itinéraire. Morhange suivait. Enveloppé dans son immense burnous blanc, coiffé de la chéchia droite des spahis, avec, au cou, un grand chapelet à gros grains alternés noirs et blancs, terminé par une croix de même, il réalisait le type parfait des Pères blancs du cardinal Lavigerie.