Page:Benoist - L'Abitibi pays de l'or, 1938.djvu/99

Cette page a été validée par deux contributeurs.
95
L’Abitibi, pays de l’or

logeaient dans des cabanes, des campes, aujourd’hui disparus.

La ville existe maintenant, avec sa grande rue commerciale, large comme une fois et demie la rue Sherbrooke à Montréal, ses quartiers d’habitations proprettes mais un peu uniformes : des bungalows en billes du pays, tous du même modèle ; ses quartiers huppés, où les hauts fonctionnaires s’installent comme si la mine devait produire à perpétuité un flot continu non pas de millions mais de milliards. Plusieurs constructions ont des allures de palais et Le Nôtre, s’il eût dessiné des parcs anglais plutôt que des jardins français, n’aurait pas eu honte d’être le créateur de parcs particuliers du genre de ceux de Bourlamaque.

Ces jardins ont sans doute coûté beaucoup d’argent à leurs propriétaires pour obtenir les floraisons qu’on y voyait en juillet 1937. Trois années auparavant, c’était à cet endroit la forêt vierge. Il a fallu, avant d’établir la moindre platebande, d’étager la moindre terrasse des rocailles, abattre la forêt, arracher les souches, faire la terre, préparer le sol, lui ajouter de tonifiants composts. Mais quelles floraisons de delphiniums et de pieds d’alouette, nains et géants, d’ancolies de toutes les teintes, avec ou sans éperons, de salpiglossis et de lupins, de pensées, même