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L’Abitibi, pays de l’or

soit plus de dix personnes sous chaque toit. Et certains toits ne sont pas vastes, ceux des cabanes en billes sont de vingt pieds par dix-huit ou par vingt, ne couvrant qu’un rez-de-chaussée. Le mot rez-de-chaussée n’est ici qu’une façon de dire, car les rues de Val d’Or ne connaissent ni chaussée ni trottoirs. Ce sont des cloaques où se rejoignent toutes les eaux, les eaux du ciel et les eaux ménagères, celles aussi du sous-sol. La moitié de chaque rue est une excavation pratiquée par une édilité qui s’efforce de hâter l’aménagement sanitaire de la ville, égouts et aqueduc. En attendant, il faut pomper à la surface l’eau de chaque trou et cette eau s’en va où elle peut. Pour le présent, tout le monde patauge, en bottes à jambes, dans les moitiés de rues qui restent ouvertes à la circulation. Quand la chaleur de quelques jours fait sécher la boue, le piéton connaît les agréments d’une poussière assez peu agréable et qui s’élève en nuées opaques.

La rareté du logement, comme de raison, fait qu’il est cher. La cabane en billes ne se loue pas moins de 25 $ par mois, 300 $ par année. Quelques maisons plus convenables se sont édifiées déjà. Les loyers qu’on en demande auraient semblé invraisemblables à Montréal, même au temps où tout était très cher : de 100 $ à 150 $ pour un plain-