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L’Abitibi, pays de l’or

contact avec une veine qui vient selon toute vraisemblance de la propriété voisine de Siscœ. Les ouvriers, dans la lumière parcimonieuse et vacillante des lampes, vrillent le roc à grand bruit. Ainsi se sont autrefois écroulées les orgueilleuses murailles de Jéricho, mais par un soleil levant. Ici, c’est la nuit opaque, lourde, qui sent le renfermé.

À prudente distance, bien qu’il n’y ait pas de danger — on me l’a dit — je regarde faire. Les vrilles vrillent et vrillent, à grand fracas. Les hommes, épaulant les foreuses, ont l’air de damnés obligés d’accomplir cette tâche de démolition à la force de leurs muscles. Il n’en est rien pourtant.

C’est l’outil qui œuvre, l’outil qui va chercher bien loin, en surface, par un long tuyau, l’air comprimé de son énergie.

Le vacarme redouble, bouche les oreilles, imprime le vertige. Il y a le bruit d’en face, infernal ; un autre, plus impressionnant encore, comme quelque chose qui s’en vient : on s’est mis à vriller également au-dessus ou au-dessous.

Quand les trous d’en face seront assez profonds, à la relève de l’équipe, on les chargera de dynamite et le front sautera. D’autres ouvriers, les muckers, procéderont alors au déblai, en s’ai-