Le Domestique. — Si Monsieur le Curé veut entrer, je préviens Madame.
Le Curé, saluant Emmanuel. — Monsieur…
Emmanuel. — Monsieur le Curé, le sort me désigne pour vous tenir compagnie deux minutes.
Le Curé. — Très flatté !
Emmanuel. — Je ne vous connais pas, donc je vous aime.
Le Curé. — Oh ! Monsieur, vous êtes sévère !…
Emmanuel. — Du tout, Monsieur le Curé, et vous me le rendez.
Le Curé. — Moi ? Même si je vous connaissais…
Emmanuel. — Alors vous êtes extrêmement bon.
Le Curé. — Je ne suis pas très méchant.
Emmanuel. — Vous n’allez pas avec votre siècle.
Le Curé. — Il vaut les autres.
Emmanuel. — Monsieur le Curé, on ne se confesse donc pas dans votre paroisse ?
Le Curé. — Pourquoi ?
Emmanuel. — Ou on se confesse mal ; on vous ment.
Le Curé. — On ne ment pas, quand on meurt…
Emmanuel. — Mais quand on se marie ?… Se marie-t-on beaucoup ?
Le Curé. — Tous les jours, deux ou trois mariages. Voyez mon carnet. Nous sommes le deux. Jusqu’au vingt-huit, pas une heure libre.
Emmanuel. — Et le vingt-huit ?