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ACTE TROISIÈME
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Le Fils. — Ne te calomnie pas. Tu t’ignores.

Ève. — Espérons-le.

Le Docteur. — Sois-en sûre : il n’y a que ton frère qui te connaît.

Le Fils. — Vous le vérifierez d’ici peu.

Le Docteur. — Enfin, que tu sois ou non méconnue, tu es trop gentille, tu as trop de bon sens et d’éducation pour être désagréable avec notre ami. Donc, s’il ne te plaît pas, il ne te plaira pas, mais tu ne lui en laisseras rien voir. Bon. Je crois d’ailleurs que toi, tu lui plairas.

Le Fils. — Hum !

Le Docteur. — Quoi ?

Le Fils. — Permets-moi, mon cher papa, de ne pas être de ton avis. J’ai refait à Emmanuel, il y a cinq minutes, le portrait de ma sœur, tel que vous me l’aviez fait…

La Femme du Docteur. — Comment ?

Le Fils. — Avec exactitude. Et il n’a pas paru transporté.

Le Docteur. — Mais c’est une peste, ce garçon !

La Femme du Docteur. — Qu’est-ce que tu as été lui raconter ?

Le Fils. — Qu’elle était, selon vous, une jeune fille parfaitement élevée, toute en qualités profondes…

Ève. — C’est idiot !

Le Fils. — Bonne, douce, consciencieuse…

Ève. — Autrement dit stupide !

Le Docteur. — Ne te fâche donc pas ; il ne lui a rien dit.