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LES PLAISIRS DU HASARD

ne se fâche pas, on sourit. Je suis stupéfait den’avoir pas encore eu de vous un sourire !

Le Président. — Garçon !

Emmanuel. — Je suis entré dans ce monument public pour voir à quel genre d’occupations nationales on s’y livrait. Dès que j’y ai été, on m’a appelé et on m’a dit : « Approchez ». Je suis bonne pâte ; j’aime la vie telle qu’elle est ; je suis venu. On m’a posé des questions : j’ai répondu. Tout à coup, on se fâche ; alors je me fâche aussi ! Mais réflexion faite, je suis un sot ; je ne demande qu’à m’apaiser et à vous donner avec bonne grâce sur la littérature et l’astronomie, tous les renseignements…

Le Président, très pâle. — Garçon, voulez-vous sortir chercher les gardes de la Faculté !

Le Garçon. — Les… gardes ?

(Il sort).

Emmanuel. — Ah ! alors c’est vous qui ne voulez pas de l’apaisement. Comme j’aime les spectacles policiers, je me calme quand même et m’installe.

Le Président. — Installez-vous. C’est une histoire qui finira en Correctionnelle.

Emmanuel. — Qui est cette bête-là ?

Le deuxième professeur. — Maintenant, il insulte la Justice !

Le Président. — Il faudra retenir toutes ses injures. D’ailleurs, il y a des témoins. (Au public qui rit :) Messieurs…

Emmanuel, désignant la jeune fille aux cheveux somptueux. — Il y a aussi une Demoiselle…

Le Président. — Messieurs, vous qui êtes