Page:Benjamin - Le Pacha, paru dans Les Annales politiques et littéraires, 3 et 10 août 1924.djvu/17

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Marinette. — Je le lui ai raconté cent fois.

Suzanne. — Et qu’est-ce qu’il dit ?

Marinette. — Il dit comme moi. Tiens, le premier jour… Non, rien. Je t’expliquerai ça, quand ta mère ne sera pas là.

Mme Hamelin. — Eh bien ! c’est joli ! Mademoiselle, je ne quitte jamais ma fille !

Marinette. — Mais elle vous quitte quelquefois. Moi, j’ai déjà eu avec elle des conversations privées !

Mme Hamelin. — Tiens, sur quoi donc ?

Marinette. — Sur vous. Elle disait qu’elle vous adorait. Je répondais : « Pas tant que moi ! » Elle se rebiffait : « Je suis sa fille. Beaucoup plus que toi ! » Alors, j’éclatais : « Je l’aime cent fois plus que toi ! — Moi, cent une ! — Moi, cent deux ! Moi, toujours une fois de plus ! » Voilà.

Mme Hamelin. — Gamine !… Moi aussi, allez, je vous aime bien ! Et nous nous entendrons… (Marinette se met à rire.) Pourquoi riez-vous ?

Marinette. — Pour rien.

Mme Hamelin. — Encore ! Vous allez répondre tout de même. Vous me devez deux réponses. Pourquoi riez-vous, d’abord ?

Marinette, riant de plus belle. — À vous entendre, on croirait que c’est vous que j’épouse !

Mme Hamelin. — Eh, eh ! Il faut vous méfier…

Marinette. — Bon. C’est fait.

Mme Hamelin. — Deuxièmement : finissez votre histoire à Suzanne : le premier jour…

Marinette. — Oh ! que les mères sont curieuses ! (Avec un air sentencieux.) Eh bien ! madame, le premier jour où, avec M. Pierre…

Suzanne, la singeant. — M. Pierre !