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lement ? Tu l’aimes à ce point, le monsieur ?

Marinette. — En voilà une question indiscrète !

Mme Hamelin. — La réponse se devine.

Marinette, riant. — (Madame, je ne viens pas à confesse. Je suis venue voir où en étaient vos malles.

Mme Hamelin. — Pour nous aider ?

Marinette. — Non, pour m’amuser…

Oh ! qu’il est doux de ne rien faire…

Suzanne, à sa mère. — Là ! Qu’est-ce que je te disais ?

Mme Hamelin. — Oh ! ben, c’est joli ! Tous mes compliments. Vous êtes digne d’être un homme, ma petite Marinette.

Marinette. — Les hommes chantent cet air-là ?

Mme Hamelin. — Vous vous en apercevrez avec votre ami Pierre, le modèle du genre.

Suzanne. — Nous lui faisons sa malle ; tu lui feras sa malle.

Marinette. — Moi ? Je ne sais pas.

Mme Hamelin. — Comment, vous ne savez pas ?

Marinette. — Madame, je suis pour l’Évangile. Ne vous mettez pas en peine où vous trouverez de quoi boire, manger, et vous couvrir le corps. Considérez les oiseaux du ciel et les lis des champs, etc., etc…

Mme Hamelin. — Eh bien ! mon enfant, vous retardez de dix-neuf cents ans !

Marinette. — Madame, l’Évangile est éternel.

Mme Hamelin. — Vous voulez me faire enrager. Attendez donc que vous soyez ma belle-fille.

Marinette, qui rit. — Je parle très sérieu-