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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

lique, et il tendait quelque chose d’un aspect rugueux, crotté, bizarre, qui rappelait une pomme de terre. Le marchand déclara :

— C’est le clou ! De l’amorce pour la pêche ?

Le major fit un indulgent sourire :

— J’y suis, reprit l’autre ; du crottin d’éléphant ?

Alors, flegmatique, James Pipe prononça :

— Sucre.

— Quel sucre ?

— Leur sucre.

— Ah ! Ah !… Oh !

Il s’esclaffait. C’est à Barbet que le major expliqua : « Mélange miel et cannelle. »

Le gros homme ne cessait plus de rire. Il sortit prendre l’air : il étouffait.

— Ces cocos-là sont vraiment rigolos !

Puis, se gonflant, il devint pompeux :

— Puisque le Gouvernement nous a envoyés voir ça (il regardait Barbet qui approuva cette fois), je peux dire à ces messieurs (il se tourna vers les officiers) qu’à mon avis (il considéra son ventre il y aurait possibilité de remplacer cette camelote par des équivalents de chez nous.

Le major sourit avec finesse.

— Ces Indiens, dit M. Persigris, qu’est-ce